En live et en MONO

MONO

MONO live Holy Ground

Quand on demande au quidam ce que lui inspire le JAPON, il en ressort très souvent des clichés plus abracadabrantesque les uns que les autres… Dans le désordre, Fukushima, Iroshima, l’invasion de la CHINE et de la COREE, les Samouraïs, les mangas, les Geisha, la taille du sexe de sa population masculine, les Ninja, il paraît même que les Japonais mangent des chiens et des chats… Ne serait-ce pas réducteur de ne pas se mettre en mode Saint Thomas (je crois ce que je vois) de temps en temps? MONO

 

Pour se faire, je vous propose aujourd’hui d’aller scrobbler sur lastfm, ou encore mieux de vos procurer la musique d’une des quatre pattes du mouvements Post-Rock : MONO. Ce groupe originaire de Tokyo livre une oeuvre gorgée d’émotions brutes, tout en introspection laissant place à des explosions que l’on pourrait qualifier de « murs de son » toujours maîtrisés, inspirée et remarquable.

 

Alors oui, je sais ce que vous vous dites : « Allez, encore un groupe de Post-Rock! T’as pas du neuf plutôt? ».

Lors d’une de nos conversations métaphysiques avec mon ami Hugo, nous avions fait un parallèle entre le Post-Rock et la musique classique. Cela nous avait amené à intellectualiser la chose : les structures, l’approche, les émotions générées… C’est en écho à ce ressenti partagé que je soumets aujourd’hui la captation d’une de leurs performances live, enregistrée avec une entière section de cordes à New-York à l’occasion de leurs dix ans d’existence. Le caractère élégiaque de cette coulée musicale portée par l’ensemble met ce disque en dehors de ces nombreuses écoutes anecdotiques qui ont parsemé mon chemin de boulimique musical.

 

 

Pépite au milieu de l’or, pour l’objet physique, MONO nous offre une version vidéo du concert particulièrement agréable à regarder car il est vrai que dans ce mouvement les supports visuels sont, très souvent, « conceptuels ». Ainsi, il semble absolument préférable de se procurer le « vrai » disque plutôt qu’une simple version numérique. De plus, l’avantage d’un son de qualité n’est pas négligeable face à une version compressée pour ce genre d’oeuvre.

 

Après 10 ans de création et de représentation, quoi de mieux que de se payer le luxe d’un orgasme de 87 minutes  dans un endroit somptueux et accompagné par le Wordless Music Orchestra? Pour réussir cet instant, il fallait une play-list de choix.

Tout commence par une douce entrée de guitares pleine de delay et de reverbe avant de déposer délicatement quelques lignes mélodiques au glockenspiel… C’est comme cela que commença ce concert, s’ouvrant sur deux des chefs d’oeuvres de l’album précédent : Ashes in the snow et Buried at seaTrès vite, on s’aperçoit que les instruments sont extraordinairement bien placés dans le « mix » et ces 22 premières minutes plongent l’auditeur dans un état pathologique comparable à celui du rêve. J’en veux pour preuve l’émotion de la réponse des chanceux spectateurs.

S’en suit le morceau Silent flight sleeping dawn de l’album Hymn to the immortal wind (lui aussi) qui, malgré ses 5 minutes 50, sonne comme un interlude mélancolique. Là encore la présence de l’orchestre joue beaucoup dans la puissance émotive du titre. Le piano cristallin sert de support parfait au jeu des cordes de l’orchestre. Le plaisir de Enjoy Eternal Bliss d’Yndi Halda se retrouve ici et la libération arrivant à 5 min 08, pour une courte durée, déchire le coeur dans un mélange de tristesse et de plaisir. Attention, la larme ne saura se contenir très longtemps.

Are you there? Ce titre issu de l’album You are There s’accommode parfaitement de la situation live. Il est vrai qu’à la base, ce morceau semble avoir été écrit pour le live. Il mélange à volonté les dynamiques jouant sur une grande partie des fronts du mouvement. L’orchestre colore avec délicatesse les guitares cristallines et soutient d’une main puissante dans un geste profond la montée amenant cette fin sublime de minimalisme. Elle laisse vibrer ce violoncelle qui ne demande qu’à être réchauffé par la délicatesse des arrangements de guitares au son typique de la formation nippone. 10 minutes 30 d’un suave mélange.

En prélude d’un des plus gros morceaux du concert, 2 candles, 1 wish et Where I am. Sur ce dernier se trouve la petite faiblesse de ce live. La puissance émotive ressort moins bien que sur One step more and you die du fait car les guitares respirent moins bien et les cordes se trouvent en retrait. En revanche, les petits sons de « cloches » du glockenspiel s’en retrouvent délectable et transpercent la colonne de leur limpidité.

C’est sur Pure as Snow que le moment prend encore plus de vie. Véritable montagne sonore, la musique, mélodiquement, simple mais à l’élaboration formelle complexe amène un Hara-Kiri sonore réservé aux adeptes du genre (dont je fais partie).

Halcyon : une véritable symphonie post-rock d’un peu plus de 9 minutes.

Pour avoir déjà vu ce genre de musique sur scène, je sais que ce qu’il se passe à la trois cents deuxième secondes est tout bonnement surréaliste et indéfinissable. On passe 5 minutes à savourer ce susurrement moelleux tel un moment d’émotion intime qui à l’air d’avoir été écrit pour notre seule personne… Puis… la caresse des anges laisse place à une brusque tornade transperçant le corps de part en part sans pour autant se sentir complètement sens dessus dessous. La magie opère quand, dans la déferlante, les violons se montrent présents comme pour accompagner le spectateur jusqu’à l’extinction de la musique.

 

Le quator nous quitte sur une pièce digne des plus belles BO émotives. Everlasting Night (dont le titre ne fait pas preuve d’une grande originalité).

Ambiance : Comme un souffle léger, le choeur de l’orchestre pose une présence discrète pendant près de 2 minutes avant que Tamaki Kunishi ne pose ses doigts sur les touches et que les différentes sections en arrière de la scène arrivent par des chemins différents pour se retrouver puis se disperser de nouveau… puis se réunir  pour s’éteindre progressivement afin de laisser la place aux distorsions poussées mais discrètes de Hideki Suematsu. Tout cela se finit dans un éclat où se tordent les cymbales de Yasunori Takada, les mélodies de Takaakira Goto et le talent du Wordless Music Orchestra.

 

Irrésistible en studio, touchante sur en live, les yeux des spectateurs brillent devant une telle démonstration. Les deux dernières minutes sont consacrées à l’ovation d’un public enchanté par ces étonnants japonais de MONO.

 

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