Bizareries automobiles: La jante Minilite - Auto Reverse

Elle est partout, sur toues les voitures des années 60 à aujourd’hui: Mini Cooper, bien entendu, Mazda MX5, Saab 900, Plymouth Barracuda, Nissan Fairlady et bien d’autres… La Jante Minilite est une incontournable du design classique.

Naissance des premières jantes en alliage

Et bien son histoire remonte bien plus loin que vous ne l’auriez pensé. Elle remonte à Harry Miller, brillant ingénieur automobile, comme Damien l’avait déjà évoqué ici. Il avait déposé le brevet d’une jante en aluminium révolutionnaire en 1919 utilisant un tout nouvel alliage d’aluminium. Mais les roues H.A. Miller ne sont jamais sorties de la phase de conception et n’ont jamais été réellement produites.

Cinq années plus tard, Ettore Bugatti s’inspirera de ce brevet pour produire dans les fonderies de Molsheim, à l’aide de moules de sa propre conception, des jantes pour l’une des voitures de course les plus fameuses de tous les temps: la Bugatti Type 35.

Initialement très proche du design de Miller, la version qui équipera les 35 sera largement améliorée dans sa forme et par l’intégration des tambours dans la fonderie de la jante afin de rendre les arrêts aux stands plus rapides.

Cette jante participera à la notoriété de la marque et perdurera sur de nombreux exemplaires, notamment la Type 54, produite entre 1932 et 1934.

Mister Cooper

Nous en arrivons au pilote Kay Don, dit Don-The Brooklands-Ace. L’Anglais décide à l’aube des années 30, de se procurer une Type 54. Il dépêche alors à l’usine Bugatti le chef de son équipe de course afin de superviser l’assemblage de ce nouveau bolide et d’en apprendre le plus possible sur la machine. Oui, c’était une pratique courante à l’époque, et son chef d’équipe n’est autre que Charlie Cooper. Cette voiture porte le numéro de châssis 54203 avec une date de construction remontant à 1932.

John Cooper a grandi aux cotés de son père, Charles, plongé dès son plus jeune age dans le monde merveilleux du sport automobile hardcore et dès son plus jeune âge, il a été piqué par le virus de la construction et de la modification de « spéciales ». En 1946, il songe sérieusement à passer du niveau d’amateur à celui de la production à part entière. Le mouvement croissant des 500cc lui a donné l’opportunité.

Les années d’après-guerre en Angleterre ont vu de nombreux anciens combattants rentrer chez eux avec une passion pour les moteurs et les modifications, formant des clubs pour s’amuser. En Angleterre, en 1945, une classe officielle de 500cc a été formée et elle est devenue assez populaire car l’entrée sur le terrain était beaucoup plus accessible. C’était donc comme une formule de course pour les pauvres, par opposition aux échelons supérieurs de la course qui avaient toujours été le terrain de jeu des playboys de la future Jet-set. La voiture de 500cc que John Cooper a développée s’est avérée être d’une excellente conception, elle est maintenant connue sous le nom de Mark I. Elle présente la particularité d’avoir sa mécanique implantée en position centrale. Plus tard, John Cooper répondra que c’était juste plus pratique ainsi.

Cette voiture a été construite avec des pièces de Fiat Topolino qui avait une suspension indépendante, il était donc naturel d’utiliser les roues également. John avait acquis la Topolino auprès d’un courtier dans la rue du garage pour peu d’argent car elle avait été accidentée à l’arrière et déclarée épave.

La Cooper Mark I s’est avérée être un succès et suscitera beaucoup d’intérêt auprès des enthousiastes. Les Coopers fondent en 1948 la Cooper Car Company et mettent à jour leur automobile de course, leurs évitant de devoir récupérer toutes les épaves de Topolino d’Angleterre pour mener à bien leur production. Sur cette nouvelle auto est installée une des premières jantes en alliage, qui compte déjà 8 rayons, comme la Bugatti sur laquelle Charles avait travaillé.

La conception de la jante est créditée au neveu de Charles Cooper, Colin Darby. John Cooper a écrit :

Mon cousin Colin Darby était un dessinateur pour une entreprise appelée Celestion, qui fabriquait des haut-parleurs à Kingston. Un soir, nous nous sommes réunis et avons discuté des problèmes d’approvisionnement en roues. Nous voulions une roue de 15 pouces qui soit plus solide et plus légère que l’ancienne jante de Topolino que nous ne pouvions tout simplement plus trouver. Ainsi, avec Colin, nous avons conçu la nôtre, comprenant des tambours de frein intégrés comme sur les Bugatti d’avant-guerre, nous les avons brevetés et les avons fait fondre en aluminium par une fonderie à Croydon, je pense.

Les roues étaient faites d’Elektron coulé, qui était un nom commercial pour un type d’alliage de magnésium.

Avance rapide jusque 1956

Les Cooper présentent la voiture est la Mark II T39 « bobtail ». La nouvelle roue a été conçue par le célèbre designer excentrique de Cooper, Owen Maddock, surnommé « the beard ».

Son tempérament mercuriel et sa personnalité volatile ont parfois irrité ses employeurs. Une fois, lorsque Charles Cooper a demandé à sa secrétaire si un potentiel nouveau candidat avait une barbe, on lui a répondu que oui, Cooper lui a dit « Renvoyez-le chez lui. J’ai déjà assez de problèmes avec celui que j’ai ! ». C’est en tout cas son design qui nous a donné le « banana spoke » tel que nous le connaissons.

Et voilà, finalement la MINILITE

En s’inspirant directement du design des jantes de Cooper, Derek Power et John Ford créent la marque de roues en magnésium Minilite à partir de 1962. Le numéro de marque déposée 1415893, MINILITE, est enregistré dans la classe 12 pour « roues légères en magnésium à huit rayons, pour toutes automobiles, roues légères en magnésium ou en aluminium pour automobiles ».

Elles étaient fabriquées par une entreprise appelée Tech-Del Limited, qui a été créée par Derek Power, physicien atomique. Chose amusante, les Minilites d’origine étaient vendues dans une boite en forme de baril, faisant écho à leur incroyable solidité. Initialement, elles n’étaient produites qu’en 10 » et se destinaient aux Mini Cooper. Rapidement, la jante rencontre un fort succès auprès de nombreux pilotes. D’abord Anglais, puis Européens et Américains.

En 1973, Minilite présentera une nouvelle série, la Minilite Sport, qui sera entièrement construite en aluminium. Plus lourde que la précédente, elle était bien pus facile à fabriquer et beaucoup moins inflammable. Sont design est légèrement différent de celui que nous connaissons: le centre est concave. Notez que la Minilite n’a jamais été proposée en série sur les premières Mini Cooper, auxquelles on associe immanquablement cette jante.

Depuis, de nombreuses marques se sont inspirées de ce design: on notera les RS Watanabe japonaises, les Pan Sport américaines, ainsi qu’un grand nombre de répliques des MAG Style Minilites telles que Maxilite en Europe ou Ultralite au Japon. De nombreux collectionneurs utilisent encore aujourd’hui cette jante pour des préparations sport: MGB, Spitfire ou Herald, Ford Escort, Cortina, Fiat 124, la jante Minilite évoque immanquablement une période de l’automobile ou le sport était accessible aux pilotes en herbe.

2 Réponses

  1. DECOMBE ERIC

    Pour changer ses jantes de MGB, mieux vaut rester sur des minilites en 14 pouces comme à l’origine, ne pas faire l’erreur de passer en 15 pouces…
    Le changement pour des Minilite en 14 pouces avec ses pneus épais produis un effet très réussi
    ED

    Répondre
    • Hugo
      Hugo

      Bonjour,

      En effet! Le seul hic étant qu’il est de plus en plus difficile de trouver des jantes minilite en 14 pouces.

      Hugo

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.