épicurien de tout bord, voici notre selection d'avril

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Une nouvelle rubrique sur AutoReverse. Parce que chaque homme, à un moment de sa vie, éprouve le besoin de découvrir dans la modération quelques bons alcools. Sauf si, comme CM Punk, il est Straight Edge.

Lorsque mon humeur, mon portefeuille, et dans la mesure de l’humainement possible, mon foie me le permettront, je partagerai avec vous les découvertes que je jugerai intéressantes faites dans le mois ou bien le trimestre en cours.

Enjoy !

 

Redbreast 15 ans

 

épicurienLa marque Redbreast est bien connue de toute personne se proclamant amateur de whisky et étant suffisamment iconoclaste pour sortir des sentiers battus des traditionnels scotchs et surmédiatisés -à juste raison- marques japonaises (Nikka, Yamazaki, Miyagykyo et consort). Originaire d’Irlande et spécialisée dans les Pure Pot Still (utilisant dans sa distillation de l’orge maltée et de l’orge non maltée), la marque Redbreast est produite à la distillerie Midleton, comme tous les autres Pot Still irlandais.

Au fil des éditions, Redbreast a toujours produit des bouteilles de grande qualité, mais a également fait preuve d’un sensible manque de constance. L’exemple le plus abordable est le 12 ans d’âge que j’ai découvert en 2003 et qui m’a immédiatement fait l’impression d’être un alcool d’une belle complexité et d’une grande douceur, à la finale longue et fruitée. Pourtant, dans sa nouvelle édition (reconnaissable à son étui portant sur chaque flanc un rouge-gorge imprimé par relief) le whisky possède une bouche plus monotone et ayant nettement plus d’attaque, presque agressive. Quant à la finale, elle me semble également plus terne, moins joyeuse et moins exubérante que l’édition précédente.

Le Redbreast 15 ans ne fait pas exception. La légende -et accessoirement la vérité- voudrait que la première édition fut proposée par la maison Midleton pour célébrer les 50 ans de la prestigieuse Maison du Whisky (visite obligatoire si vous passez par la rue d’Anjou, à quelques pas de l’Elysée). Limitée à 10000 exemplaires signés, cette édition est aujourd’hui devenue un collector, tant et si bien que LMDW la propose aujourd’hui à un prix de plus de 100% supérieur à la “cuvée” suivante datant de 2009.

C’est cette dernière édition que j’ai eu entre les mains, hésitant longtemps entre celle-ci et la nouvelle création Redbreast, le Single Pot Still Cask Strength 12 ans non filtré à froid, réminiscent de l’A Bunadh avec ses presque 58°.

La première approche fut franchement décevante. Nez simple et assez quelconque, me rappelant plus une petite bouteille avec un brin de caractère vendue en GMS qu’un whisky irlandais exceptionnel à 80 euros la bouteille. De même au palais, et encore pire à la finale, absolument monochrome et inintéressante. A ce stade, j’insultais copieusement ma bouteille et décidais de la faire expier en la proposant en apéritif à quelque amateur de “whisky-coca”.

Puis, au bout d’un temps, j’ai redécouvert ce whisky. Peut-être lui fallait-il une période de rodage, pareille aux enceintes et à l’électronique HiFi pour en tirer la quintessence. Plus vraisemblablement, l’aération et la dégradation de l’alcool due à cette aération ont ouvert le whisky. Ample au nez, rappelant un pain d’épice un peu dilué, le goudron et les fruits confits bien vieillis, puis… Cette odeur de jeunesse, associée à cette espèce de pâte aux couleurs vives vendue en petits tubes de dentifrice qu’on collait sur une courte et épaisse paille à moitié translucide pour faire de grosses bulles biscornues (bon si vous connaissez cela, ce Redbreast 15 ans sera une véritable madeleine de Proust. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez zapper la dernière phrase. Mais vous ne savez pas ce que vous perdez !). Au palais, les 46° de la bouteille ne sont pas agressifs, ils donnent une bonne appréhension de ce que sera la finale, moyennant qu’on sache “mâcher” correctement un whisky. Et cette finale est vraiment exceptionnelle, très longue et parée d’une touche de frangipane, d’une très subtile et très légère touche de caramel, mais ce sont surtout les notes imposantes de fruits mûrs, voire parfois de fruits cuits qui impressionne à en donner des frissons (ça l’a fait avec moi en tous cas). C’est d’une telle douceur, d’une telle chaleur et à la fois procurant une sensation simple mais avec tant de nuances, qu’on se met immédiatement à regretter lorsque commencent à s’effacer ces saveurs enivrantes.

Au final, un magnifique whisky irlandais, un brin longuet à se révéler, sans exubérance mais chaleureux, complexe, et possédant une finale dotée de tant de profondeur et de charme qu’il vaut, toutes proportions gardées, ses 75 euros. Je regrette simplement de ne pas avoir plongé un peu plus tôt dans son univers ; si tel fut le cas, j’aurais pu me payer pour le même prix la première édition de ce Redbreast 15 ans, qui aujourd’hui vaut la copieuse somme de… presque 160 euros.

 

 

Saut de l’Aigue 2007, coteaux du Languedoc

 

Je ne suis pas particulièrement égocentrique, mais afin de détailler mes sensibilités gustatives et vinicoles, je dois tout de même livrer un brin de mon parcours. J’ai commencé à découvrir les vins vers 2008, année à partir de laquelle j’ai du écumer la plupart des restaurants cannois surréalistes et d’autres aux alentours (ces derniers ayant d’ailleurs des sélections beaucoup plus pertinentes). Je me suis vite orienté vers les Bourgognes, et après avoir fait péter un Aloxe-Corton à 95 euros, servi chaud, à moitié bouchonné, et possédant le goût d’un Zinfandel à 6 euros (je ne cite pas le nom de l’établissement des hauteurs de Cannes proposant un tel service pour raisons légales, bien sûr) c’est dans la commune de Saint Paul-de-Vence et dans le restaurant Le Tilleul Menthe que je décidais que le meilleur pinard que je n’aie jamais goûté de mon existence fut un Gevrey Chambertin de 2007, au prix d’environ 40 euros en restauration.

Aussi, délaisser le Bourgogne au profit du Languedoc (région que je ne connaissais absolument pas) ne m’a pas vraiment enchanté. C’est pourtant sur le conseil du caviste de chez Nicolas dans la commune de St Jacques, département 06, que j’ai opté pour ce Saut de l’Aigue. Et pour un peu moins de 12 euros en cave, et bien, disons… que le Gevrey Chambertin peut aller se faire voir sur un autre continent.

Fruits noirs authentiques d’un bout à l’autre. C’est ce qui me vient à l’esprit lorsque je repense à ce vin qui nécessite une bonne heure d’aération avant de le déguster. D’une couleur d’une profondeur et d’une densité remarquables, ce Languedoc offre un nez vraiment exceptionnel pour un tel tarif. La myrtille est prédominante sans pourtant être écrasante ; en arrière plan, c’est toute une collection de fruits noirs et rouges qui s’estompe pour révéler un très léger brin de tannin. La bouche est ronde, complexe, mais c’est surtout le caractère aérien qui frappe le plus, malgré ses 14°. Les fruits noirs reviennent en spirales, découvrant des saveurs qui allient une grande douceur et une belle force. Enfin, la finale est d’une longueur très appréciable qui rappelle le caractère merveilleusement fruité de l’ensemble et qui termine sur une note de réglisse.

Bref, une superbe découverte et un produit à mon sens exceptionnel de par son tarif et son caractère vif, frais, délicieusement et élégamment fruité, et pour son planant. A découvrir avec une tome de chèvre fraîche, ou un gouda aux graines de cumin pour le grand frisson !

 

 

Aurvin Reserve 2008, Cabernet Sauvignon

 

Si vous souhaitez impressionner vos amis, débarquez donc chez eux avec une bouteille un peu trapue d’Aurvin. Le cul de bouteille est profond, l’étiquette magnifique et tellement épaisse qu’on pourrait s’en servir pour colmater une fenêtre, même par tempête de force 12. Mais le plus cool chez l’Aurvin… C’est qu’il s’agit d’un vin Moldave !! Quel exotisme de lire une étiquette arrière entièrement écrite dans cette langue ésotérique !!

Acheté un peu plus de 6 euros en GMS (ayant une immense cave et probablement un très bon chef de rayon), ce Cabernet Sauvignon fut une fort belle découverte à une époque ou j’étais écrasé par tellement de choix que je ne savais plus quoi choisir.

D’une couleur dense et soutenue, le vin reste dans les classiques du cépage : une belle structure tannique, soutenue par le cassis et une pointe de chocolat noir et de réglisse. La finale évoque les mêmes arômes avec un ajout de fumée de bois, de prune et très légèrement de tabac. Datant de 2008, le vin est suffisamment rond, et je n’ai pas remarqué cet excès de gras qui m’insupporte clairement dans certains Cabernets. Si la bouteille subsiste jusqu’au lendemain, le nez devient tellement intense qu’il rappelle de manière imparable le sirop de grenadine.

Pour le prix, vivement conseillé !

 

 

L’abus d’alcool est TRES dangereux pour votre santé ET POUR CELLE DES AUTRES. Consommez avec modération.

Et ne prenez jamais de décision impliquant dans le long terme votre équilibre financier ou votre orientation sexuelle lorsque vous êtes saoul.

saoul.

 

saoul.

 

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