Essai: Renault 4CV par AUTO-REVERSE

 

Histoire facultative 

La Renault 4CV a été conçue pendant la guerre comme voiture de la remotorisation par Fernand Picard et Charles-Edmond Serre. Elle fût cachée aux Allemands et à Louis Renault lui-même qui ne croit pas aux voitures populaires.  Elle sera produite entre 1947 et 1961 à 1 105 000 exemplaires, faisant de la 4 pattes la voiture française la plus vendue. Motorisée par un 4 cylindres en ligne à refroidissement par eau de 748 cc3, la 4cv exploite ses 21 chevaux à l’aide d’une boite à trois vitesses dont la première n’est pas synchronisée. Bien lancé, on peut atteindre les 110. Dans un temps raisonnable.

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Cn dépit de ma passion pour les voitures anciennes à connotation sportive, voire anglaise, je ne rechigne jamais à maltraiter les petites voitures populaires dont l’équilibre médiocre et l’adhérence précaire permettent d’adopter une conduite dangereuse à allure modérée.

Dans ce genre, elles sont nombreuses à m’avoir marqué: Mini, bien sûr, Twingo, Super 5, Fiat Panda et même Opel Corsa.  

N’ayant jamais conduit ou même approché de Renault 4CV, je m’en suis fait tout un tas d’idées: C’est moche, le moteur n’a pas une place normale, c’est lent, la suspension doit être molle comme un geek 4 jours après le lancement d’un nouvel opus de Gears of war, l’intérieur doit puer la vieille Renault… La dernière auto que j’ai autant détesté était la Deux Chevaux, puis j’en ai conduit une.

L’occasion de tester une 4cv et de tenter d’ébranler les conviction qui me permettent d’avoir une hygiène de vie m’est enfin proposée.

La voiture est posée dans cette vieille rue du Var, qui ne semble jamais avoir changé depuis les années 50.

Plus je m’approche de cette odieuse Renault 4CV, plus je regrette mes idées préconçues qui me faisaient dire quand je la croisais:

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« C’est joli ce logo ailé c’est de quelle voiture? Une Renault 4cv…  dommage… ».

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Est-ce le temps qui passe, est-ce la couleur de ce modèle? La ligne est toute en rondeur, plutôt dynamique, elle a de grandes roues et de petites vitres, ultime arrogance, les louvres sur le capot moteur font regretter que cette chose n’ait eu la chance de connaître une mécanique digne de ce nom.

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Pour s’insérer dans la voiture, il faut arracher la porte, puis faire preuve de ruse et de souplesse.

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Rappelez vous vos premiers tours en Mini, en charmante compagnie: Vous étiez gêné de voir le décolleté de votre partenaire bondir au grès des déficiences de revêtement causées par un total manque de zèle des employés de la chaussée. Et bien sachez que ce n’est rien comparé à la honte que vous allez vous taper lorsque vous allez vous insérer dans la boite crânienne de cette Renault:

D’abord vous allez entrer une jambe en vous tenant au vasistas à la porte qui tente de se faire la malle par derrière, puis.. Non. Vous tentez alors de passer le tête en premier, plongeant de tout votre long dans le petit habitacle pour ensuite y insérer votre buste, le poser sur le petit siège et recroqueviller vos jambes pour parvenir à fermer la porte, en la claquant à plusieurs reprises.

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A l’intérieur, vous cherchez. M’aurait’on menti! Ou est le grand luxe promis? Dans le soliflore à droite de la planchette du tableau de bord? Dans le toit ouvrant qui semble découpé à l’ouvre boite? Et ce câble qui pend le long de votre oreille droite? Sachez que c’est la commande rudimentaire du chauffage: il n’y a pas plus de ventilation que de vitres ouvrantes.

La position des pédales au centre de l’auto, vous condamne à conduire de biais et à vous battre avec les pieds de votre passager incarcéré à vos cotés.

Mais, l’assise des sièges est confortable. Puis, la position de conduite un peu verticale, la douceur de la sellerie, la chaude lumière qui règne à l’intérieur et la qualité des pièces qui composent l’habitacle vous font oublier ces tracasseries: tout est ferme, tout est mécanique, tout est simple, tout est fonctionnel. On ne se sent pas si mal dans cette vieille Renault.Vous êtes aptes à affronter la route.

Contact, il suffi de tirer sur la gâchette en acier au dessus du frein à main pour lancer le démarreur. La moteur se réveille facilement, dans une cacophonie ahurissante compte tenu de ses petits centimètres cube. Il tente de se caler sur un ralenti irrégulier. Le bruit n’est pas celui d’un moteur, il ressemble plutôt à une sorte de batteur à oeuf.

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Le gigantesque crâne raisonne et vibre

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L’accélérateur est sensible, l’embrayage est plutôt léger. Vous passez la première, en bas à gauche, à l’aide de… Tiens, il manque un bout? Non, cette aiguille de métal est bien d’origine, oui, il s’agit de votre levier de vitesses et non, vous n’allez pas le casser ou le tordre en le manipulant.

M’enfin, faîtes attention quand même.

Donc, prem…Cr… Crk… première. Vous relâchez l’embrayage. Ce truc a 61 ans, ne fait qu’une vingtaine de chevaux et pourtant, il s’élance avec… avec une vélocité relative. La direction est précise et légère. En circulant dans les rues du village, l’ensemble se conduit comme un jouet, souple, maniable, simple. 25 km/H, vous ne savez pas à quel régime vous êtes, il n’y pas de compte tour, mais au bruit, vous supposez que c’est trop, donc, sec…Cr…Crk… seconde.

Il faut aller la chercher très loin en haut à droite. Autant le débattement longitudinal du levier est court, autant latéralement il donne l’impression d’être sans fin, et comme il n’y a pas de grille de vitesse, vous pouvez actionner le levier n’importe ou, seuls les grondements de la boite vous signaleront que vous n’êtes pas au bon endroit.

Troisième. vous accélérez toujours, la barre des 50 est dépassée. L’avant ne décolle pas et ne sous vire pas comme vous auriez pu le croire ne écoutant les mythes populaires. En fait, l’ensemble est vif, fermement suspendu, réactif, prend un peu de roulis en virage, mais rien d’excessif. C’est un jouet extrêmement amusant. Prenant petit à petit confiance, vous tentez une petite dérive de l’arrière,  mais rien de ne vient: les 21 chevaux ne parviennent pas à mettre à mal l’adhérence des pneux tandis que vos coups de volants ne perturbent pas plus que ça votre trajectoire. Puis, une sorte d’ESP primitif se met en route, c’est encore votre passager qui hurle:

 

« Ralentis! Ça tient la route comme un container à poubelles!
Regardes, ça en a même la couleur! »

 

Il est temps de baisser le rythme. Dommage. Le bruit du moteur qui hurle tout le temps, la vivacité et la réactivité de l’ensemble rendaient l’auto ultra volontaire, la suspension sautillante donnait l’impression de prendre les bosses trop vite, les vibrations, tout y était: la 4 CV se conduit comme une voiture de course, mais à 50 km/h. Penché en avant sur le volant, votre moteur hurlant vous amenant lentement au bout de cette longue ligne droite, quoi que vous fassiez avec, vous aurez toujours l’impression d’avoir un rythme soutenu. Vous aurez toujours le bonheur et la surprise d’avoir réussi à sortir d’un virage vivant. Vous êtes un homme pressé dans unes des Shitbox originelles.

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Renault 4CV, l'homme pressé
Bruyante, instable et peu performante, la 4CV est finalement une auto à réserver à vos flâneries en centre ville...
Tenue de route1.3
Performance1.3
Fiabilité1.3
Mojo4.6
+ A sauver
  • Maniabilité
  • Ligne unique
  • Entretien facile
- A la poubelle
  • Tenue de route chaotique
  • Performances de solex
  • Bruit infernal
2.1Note Finale
Note des lecteurs: (21 Votes)
6.9

7 Réponses

  1. AHMED KERTIT

    C’est la voiture qui fait rire. ce que crains quand je conduis ma 4 cv c’est la tenue de route, bien que ma caisse à outil assez lourde est mise dans le coffre (avant).

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  2. Jo

    C’est tout a fait ça … Avec une pipe Autobleu (ou un truc dans le genre) c’est carrément une auto de course !!! J’ai bien ri, merci !

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  3. delage

    plié de rire, très bon papier, humoristique à souhait car j’en ai une et c’est exactement ça, il suffit d’imager le tout!!!!!!!!
    Papi (heu 45 ans !)

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  4. mikayou74

    Bonjour Hugo. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi quand tu dis que l’on ne peut pas la faire déraper de l’arrière. J’en ai eu une, et c’était mon grand plaisir d’aller dans les champs pour la faire déraper justement de l’arrière. On faisait la même chose avec les Dauphines et les R8, mais il est vrai que c’était une autre époque. Je te salue bien.

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    • Hugo
      Hugo

      Merci! En tout cas, j’ai vraiment pris du plaisir à conduire cette petite puce!

      (je prends du plaisir à conduire quasiment n’importe quoi en fait… Un jour je vous parlerais de la Volvo 142 revenue d’entre les morts!)

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